J’en suis.
Jeudi 26 septembre 2024, 12 heures 23
Le corps brûlant de frustration dans le pyjama d’automne : internet déconne encore. Je branche et débranche, soucieuse, cliente d’une sournoise Flybox qui passe par carte SIM et donc un réseau téléphonique fugace. Je ressors mon livre, on verra bien plus tard.
Je n’ai fait que lire, ce matin. Et ça me va, je crois. Ces derniers temps, certains sujets me pèsent, des situations me contrarient, je me prends mes peines par flots indélicats. Je fais donc bande à part.
Je lis donc, fais des petits soirs, du sommeil dans la nuit noire et des affaires. Verlaine se tient sur mon petit guéridon, en charmant prince. Je termine ces phrases comme on claque la porte, pour retourner lire. En pyjama dans le midi gris.
J’en suis toujours.
Vendredi 27 septembre 2024, 13 heures 47
La colère est en ce moment une plaie à laisser cicatriser. Pourtant, notre modèle n’autorise pas à prendre du recul, du repos, à demander une accalmie. Je fulmine et rugis, j’aimerais prendre le temps de me reposer, de me remettre de me faire balayer, mais non. Non. Je dois serrer les dents, passer outre.
Je passe mon temps à passer outre.
Heureusement qu’à une lettre près, c’est « loutre » et eau calme.
Encore oui.
Samedi 28 septembre 2024, 16 heures 23
Je tombe dans des livres et ne m’en relève que pour faire du thé. Je repousse des tâches, me glisse entre les heures, me planque un peu. Je dévale des pages, avec la volonté frondeuse d’une enfant à bicyclette. Je pédale. Je prends l’air. Et je prends le large surtout. Je m’anesthésie de ce qui heurte. Ce début de semaine, je me suis pris en plein visage tout ce qui me tourmente. Les mots sont simples et en anglais, ça distancie pourtant étonnamment : « Trigger Warning ». Comment dire joli et en Molière, que ces sujets sont des grands vents, que les achats des uns, leurs vacances, leurs sorties, leurs loisirs, leurs légèretés, leurs possibilités sont un isolement, que la question de la maternité me hante en ce moment chaque jour. Je suis fatiguée, je fais sécession et bande à part. Car quand ce ne sont pas les sujets intimes que je peux surmonter par du temps et du silence, ce sont les hommes geignards, qui appellent à la nuance, posent la carte « Présomption d’innocence » quand on parle des violences sexistes et sexuelles, c’est le dessin d’un avenir puant quand on voit le gouvernement, c’est c’est c’est.
Mais Verlaine est mignon et le thé terminé, il y a la rue silencieuse, le plaid chaud et ma lecture. Il y a ce qu’on fait de nos carcasses meurtries, de nos cœurs brisés et du vent d’automne qui balaie tout.
Éphémères
Le froid sur mes joues en rentrant de la bibliothèque, le sac à dos plein de livres - le thé bien chaud qui réconforte - la joie douce d’un petit colis qui fait tendresse - Lidl a sorti ses petits pains d’épice de Noël, et j’ai déjà succombé - les lectures qui éblouissent - et mon sérieux à noter des titres de livres, moi qui repousse des passages à la laverie, au Lidl, qui ne dégivre pas le frigo, et qui reste presque deux heures à consulter un catalogue de bibliothèque - faire rire ma mère avec cette affaire - et des crêpes demain, avec du sucre, puis les derniers pots de confiture, sauf si ma lecture me piège encore - nettoyer la cour, occupation qui défoule et satisfait - l’oreille pliée de Verlaine, dans son sommeil attendrissant -
Cher jour,
Je ne m’attarde pas. Je suis une petite renarde de chemins cachés donc. Il y aura le rangement et l’ordre des livres, le plaid et la bouilloire, le bruit de la pluie et la douceur à prendre, rébellion. Il y a se remettre. Il y a exister seule, en frondeuse.
Tant qu’il nous reste des dimanches…
La sale période qui réveille ce qui était enfoui ne nous laisse pas cette possibilité -devenue grande habileté pour qui la pratique depuis tellement longtemps - de passer outre. Puisse t-on pouvoir parfois faire un peu davantage les loutres... Coeur sur toi, feuilles d'automne, teckel à ciré jaune, épices dans le thé et ou les biscuits, de la douceur et de la tendresse, bordel ! 🧡
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