Tant qu'il nous reste des dimanches

Journal culturel #6

Où on commence dans des effluves de thé noir

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Mathilde
sept. 14, 2025
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Vendredi 12 septembre, 10 heures 09. Un camion dans la rue émet un ronronnement dramatique. Le ciel s’est éclairci, lavé des averses de la veille, et mon thé du matin me semble bien loin. Je compulse les choses à faire et arranger, des choses qui ne sont pourtant pas des tâches mais des espoirs, des petits voyages : pour nous divertir, nous envelopper, il faut toujours s’accommoder de quelques organisations nécessaires. Le cinéma à 13 heures 50, le livre à récupérer à la librairie anglaise, les autres qui vont arriver par la poste dont deux doublons et donc choisir quoi en faire (classic shit), les deux réservations disponibles à la bibliothèque mais mince, pas de place sur ma carte alors revoir mon planning de lecture, les deux expositions qui se terminent et donc caler celle qui se termine dimanche demain, mais il y a ciné à 11 heures alors après, penser à prendre les jeux en soldes pour ma Switch, glisser une session de puzzle et une autre de journaling, de scrapbooking. Inspirer. Expirer. Détendre la mâchoire. Relâcher les épaules. J’ai le temps de tout vivre.

Le camion s’est éloigné, remplacé par celui des poubelles. On est plus sur du rugissement. Bruit des roues, du mécanisme, chaos du plastique contre les pierres historiques. Encore une affaire de temps.

Dans cette lettre, il en sera question. Le temps de la lecture, lent et toujours particulier. Lire étire la matière, les espaces, infuse entre les consciences : nous lisons ce que nous vivrions si, ce que nous avons vécu car, ce que nous vivrons quand. Nous lisons des divinations.

Imaginer - Les espaces lus

Pour bon nombre de lectrices, l’Angleterre est un territoire particulier. Un pays de thé, de mythes, de légendes, de contes, de manoirs. Un refuge imaginaire qui rassure et enveloppe, de la clôture d’un jardin laissant passer les petits lapins à des chambres de bonnes silencieuses.

Je ne déroge pas à ce charmant engrenage. Délice d’un London Fog, passion pour les belles éditions, folie pour le vert anglais qui nourrit les désirs de calme et de tranquillité. Je souris du fameux flegme, du bon ton, du bon mot, probablement car je trouve que la majorité de nos interactions manquent de fantaisies.

Downton Abbey ou le parfait romanesque

« Downton Abbey » est évidemment dans mes listes depuis sa sortie. Il y a des choses comme ça qui nous échappent, c’est le lot de toute œuvre culturelle. Il faut bien accepter qu’on ne peut pas tout voir, tout lire. C’est frustrant, mais c’est ainsi, et peut-être riche d’enseignement. Ne plus regarder un film quand il ne nous plaît pas, abandonner une série qui occupe plus le temps qu’elle ne divertit, ne pas finir le bouquin qu’on traine difficilement depuis dix jours.

La série arrive entre mes mains car le dernier volet sort au cinéma. Elle a accompagné ma mère il y a deux ou trois ans alors qu’elle s’était cassé le poignet et vivait quelques complications. Je l’ai aussi choisie car l’automne arrive, et je me suis dit que ce serait un endroit parfait où m’installer quelques heures.

Tout le monde connaît le script, et je crois que c’est le point commun entre les trois univers présentés dans cette partie. Il y a un manoir, une famille, le professeur McGonagall et du personnel de maison. Oh, et une sacrée pelouse.

Je trouve que c’est un résumé acceptable, puisque la série repose sur de petites intrigues autour des questions de pouvoir, de succession, de classe aussi. Les choses se tressent, se lient, lentement, dans une atmosphère à la construction impeccable. On sent nos propres pas étouffés sur les tapis, le frais des colonnes. « Downton Abbey » est une fine chorégraphie.

Paddington ou l’absolue féerie

Alors oui, il est maxi mignon, Paddington. Mais revenons tout d’abord sur un scandale. Le type vient du Pérou en bateau pneumatique. Je ne suis pas experte en navigation maritime (en fluviale non plus, ceci dit), mais ça me paraît une belle performance. Ça, et son adoption qui me fait beaucoup penser à celle de Babar ou de mon propre Verlaine Ty Miaou : « Tu es tout seul ? Eh bien viens vivre à la maison ! ». J’aime cette simplicité douce et joyeuse : accueillir, à hauteur d’enfant, est facile et sans drame. Logique.

Paddington, je le connais comme beaucoup le connaissent : sans rien en avoir lu ou vu. Et dan les petits pas vers l’automne, le découvrir devient plus urgent. Ça tient peut-être au duffle-coat et au bob les plus élégants, peut-être pour ce rapport à l’enfance dans lequel ça engage. La douceur d’un compagnon inattendu. Des rebondissements. La féerie simple et accessible.

Je vais donc m’offrir un album en anglais de ce petit joyeux, et regarder le premier film. Sans boire directement au goulot de la théière, promis.

Peter the rabbit ou lier les passions

Sur Patreon, je vais partager plus de conseils pratiques sur les expériences créatives et exposer les miennes, et ainsi entamer un rapport sur mon curriculum vitae personnel. Loin du C.V. destiné à être présenté à de potentiels employeurs, ce dernier est en réalité ce qui désigne une démarche d’apprentissage autonome sur un sujet.

Ainsi, j’ai choisi d’en apprendre plus sur Beatrix Potter, son travail mais aussi sa vie, ce qu’elle lègue au monde. Un merveilleux album m’avait d’abord enchantée et appris combien elle s’engageait dans une démarche de préservation de la campagne anglaise en achetant des parcelles. Ce premier pas vers elle m’a donc donné envie de lire par ordre de parution son travail, d’une part, puis de me lancer dans une exploration bibliographique et historique.

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